L'administration fait des progrès
Chère Madame le Comptable Public,
Je ne saurais vous dire avec assez d'enthousiasme le plaisir que m'a procuré la lecture de votre lettre de relance, mais il fut intense. Voilà enfin sur ce sujet (la redevance SPANC) un courrier de l'administration française qui non seulement me traite avec courtoisie et ne déforme pas le nom de mon domicile mais respecte également la langue française. Ainsi, vous m'appelez Monsieur (M.) et non Mister (Mr), vous mettez une virgule avant les décimales au lieu d'un point, vous ne faites pas de phrases entières en majuscules comme si vous hurliez, vous ne parlez pas de verso quand il n'y en a pas, vous ne contredisez pas à la fin ce que vous avanciez au début, vous m'assurez de votre considération, etc. Toutes choses que ne font pas les courriers que je reçois directement du SIVU de l'AY, dont le secrétariat, je suppose, est délocalisé quelque part hors d'Europe.
(Un dernier progrès demeure à accomplir : les majuscules accentuées. Il y en a sur RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, sur TRÉSORERIE et ARDÉCHE donc pourquoi pas sur DIRECTION GENERALE ? L'académie Française est formelle sur ce point, l'absence d'accent sur les majuscules constitue une grave faute d'orthographe. Mais je vous accorde que longtemps l'usage des machines à écrire américaines a rendu la chose impossible et que cet usage a la peau dure et qu'au vu de l'effort que vous faites précisément sur l'accent du nom de mon lieu-dit, je ferai dans votre cas preuve de mansuétude).
Vous me donnez donc très envie de vous expédier la somme, très modique de surcroit, que vous me réclamez.
Cependant ma réticence, déjà vieille de deux ans, n'est pas seulement seulement due à la forme insultante et indigne des torchons érronés que m'adresse le SIVU de l'Ay, il y a aussi un problème de fond. Je pense qu'au moins deux principes démocratiques sont bafoués avec l'institution de la redevance des SPANC. En bref le non respect du principe d'égalité devant l'impôt et le non-respect du droit à la propriété privée. Et en matières de principes, vous conviendrez que nous devons être intraitable. Il serait ridicule que je cédasse à la simple lecture de votre galante lettre.
Aussi je ne peux que vous encourager à « poursuivre la procédure visant à obtenir le paiement des sommes » que vous me dites vous devoir, j'aurais ainsi l'occasion de raviver le plaisir de vous lire.
Croyez à mes hommages les plus sincères,